Actuellement la médiation familiale est surtout connue dans le contexte des problématiques liées aux conflits inhérents à la séparation et au divorce, et ceci au nom de l’intérêt de l’enfant. Mais elle répond également aux problématiques liées aux conflits intrafamiliaux lorsqu’un des membres de la famille est vulnérable. Ceci eu égard à la dignité des personnes dépendantes et à leurs droits et libertés.
Qu’il s’agisse de la maladie, du handicap, de l’avancée en âge ou de la fin de vie, lorsqu’un membre de la famille perd son autonomie, cette perte se répercute sur la vie de l’ensemble du système familial, le déstabilise et provoque un stress intense chez chaque personne. Lorsqu’il y a mésentente ce stress est accentué et ce jusqu’à rendre parfois inopérante l’aide à apporter à la personne vulnérable. C’est donc du conflit et de l’aide à apporter à la personne dépendante dont va parler la médiation dans le champ de la vulnérabilité. La vieillesse, la maladie et le handicap sont des périodes à risque pour la cohésion familiale, parce que la dépendance vient fréquemment gripper le cycle de vie de la famille. Chaque membre de la famille est impacté émotionnellement et va solliciter les autres membres de la famille ou non pour venir en aide au parent vulnérable. Ce qui active ou réactive d’anciens conflits mis jusque-là entre parenthèses.
L’objectif de la médiation dans le contexte de la vulnérabilité, est de redonner la parole à la personne vulnérable si elle est en capacité de s’exprimer, y compris à chaque membre de la famille, ainsi qu’aux personnes qui lui apportent de l’aide, lorsqu’elles sont prises à partie dans le conflit : je pense aux équipes soignantes, mandataire judiciaire à la protection des majeurs, aux institutions qui accueillent des personnes vulnérables qu’elles soient privées ou publiques, EHPAD, services spécialisés etc…. Ceci afin que la personne vulnérable puisse continuer à vivre dans la dignité et la paix relationnelle. En d’autres termes, le dessein de la médiation est double, mettre en mots les difficultés relationnelles rencontrées par chaque personne (dans sa croissance et son évolution) et redonner du mouvement à la famille et aux institutions, là où souvent le silence finit par régner et isoler. Ce mouvement est avant tout au service du bien-être de la personne dépendante et se situe dans la gestion du conflit et la réorganisation de l’aide à apporter à la personne dépendante en tenant compte des besoins de chacun.
La médiation sort de la logique du droit dans le sens où elle donne la possibilité aux familles et/ou aux professionnels qui s’occupent d’une personne vulnérable de se réapproprier le conflit, de le mettre en mots afin de trouver ensemble des solutions mutuellement satisfaisantes et qui puissent répondre avant tout aux besoins de la personne dépendante. Boris Cyrulnik nous enseigne que « comprendre est une forme de libération ». Quant à Edgar Morin, le plus grand penseur des temps modernes, il nous invite à une vision holistique développée dans la « théorie de la complexité ». Pour comprendre ce qui se joue dans la complexité des relations familiales, faisons un détour par la sociologie de la famille avant de revenir au conflit, à la médiation et à sa manière inédite d’aider les familles et les institutions à prendre de la hauteur sur ce qui leur arrive et à redonner le meilleur d’elles-mêmes dans l’accompagnement d’une personne vulnérable.
La famille hier et aujourd’hui
Vous avez tous dans vos familles respectives de près ou de loin un parent, ami, voisin ou une connaissance qui est dans la dépendance. Vous êtes de ce fait tous concernés personnellement par ces propos.
Tout peut laisser à penser que « dans le temps », lorsque les familles vivaient encore principalement sous le même toit les choses allaient mieux dans la prise en charge de la dépendance d’un parent âgé, malade ou handicapé. Et qu’aujourd’hui à l’ère de « l’individualisme relationnel » dont parle Gérard Neyrand dans son livre « Le dialogue familial, un idéal précaire », le lien familial se délite et que bien souvent l’individu se retrouve seul face à ses difficultés. Oui et non ! Oui parce qu’on dit qu’il y avait « dans le temps un grand respect pour la personne âgée, malade ou handicapée ». En réalité, les enfants devenus adultes avaient rarement le droit à la parole. Lorsqu’une jeune fille se mariait et entrait dans sa nouvelle famille, elle signait de manière implicite un contrat qui stipulait qu’elle s’occuperait de ses beaux-parents jusqu’à ce que mort s’en suive ou d’une belle sœur célibataire vivant sous le même toit, d’un beau-frère handicapé, d’une tante âgée…. Les choses étaient convenues dans le huis clos familial régi par le « Pater familias » l’homme de la famille, qu’on craignait bien fréquemment. Les choses n’allaient pas mieux, parce que ce système de soumission n’était pas toujours le meilleur et qu’il a conduit certaines familles à mettre en place de lourds secrets pour la descendance (je pense aux enfants naturels, aux violences familiales, aux amours interdites etc…) et à empêcher les uns et les autres de s’individuer ou de s’autonomiser, c’est-à-dire de devenir des adultes responsables et autonomes en interaction les uns avec les autres. Les conflits intrafamiliaux ne donnaient pas lieu à discussion, soit on acceptait la règle implicite soit on était exclu.
Les temps modernes ont balayé tout cela ! La famille élargie où l’on vivait sous le même toit à obéir au chef de famille, a fait place à la famille réduite ou nucléaire (papa, maman et les enfants). Famille où l’enfant dès le plus jeune âge a le droit à la parole. Puis, à la famille recomposée avec pour conséquences divers types de parentalité : monoparentale, coparentale, multi-parentale, homoparentale, etc…. Nous sommes passés en France en quelques décennies d’un modèle familial à un autre. De nos jours, la famille se décline en une multitude de visages. Elle est également devenue de plus en plus complexe à gérer parce que ramifiée de par ses recompositions, éparpillée aux quatre coins du monde par choix ou par nécessité de travail mais également souvent très isolée relationnellement. Là où « dans le temps » elle représentait un refuge parce que les places étaient « imposées et acceptées », on pouvait difficilement faire autrement, « le linge sale se lavait en famille » !!! Aujourd’hui, elle se cherche, revendique sa liberté mais reste néanmoins responsable aux yeux de la loi du sort de ses membres. On appelle cela les solidarités familiales. Force est de constater que l’accès à la parole et à la liberté de chacun, qui est l’essence même d’une démocratie, a libéré les points de vue et également les potentiels conflits intrafamiliaux lorsqu’il est question de se mobiliser pour un parent dépendant. Les conflits dans la famille s’activent de ce fait assez rapidement par la présence d’enjeux opposés et d’intérêts différents liés au mode de vie contemporain.
A cette complexité de gestion des relations familiales due à l’éclatement de la cellule familiale et à la revendication que chacun a son mot à dire en ce qui le concerne, vient s’ajouter la difficulté de la prise en charge effective d’un parent vulnérable dont l’espérance de vie se rallonge de jour en jour.
En France nous compterons en 2050 environ 200 000 centenaires. Les maladies dégénératives de type Alzheimer, les maladies chroniques évolutives souvent sources de handicap seront en augmentation, associées aux nouvelles formes familiales qui ont moins de normes partagées, tout cela invite à de nouveaux besoins et surtout en ce qui concerne la société à un besoin de régulation des liens familiaux. La médiation vient de ce fait remplir cette fonction de régulateur familial.
Il est important de saisir le changement de paradigme qui s’est opéré dans les rapports familiaux et sociaux ces dernières décennies. La complexité des relations familiales et humaines, les droits, devoirs et libertés de chaque être humain, font que nous sommes de nos jours de plus en plus appelés à faire appel à un Tiers médiateur pour réguler la cohésion familiale et sociétale, lorsqu’il y a un conflit. Ce Tiers peut également être la justice. Elle apporte une réponse institutionnelle mais avant de saisir un juge, nous devrions tous essayer la voie consensuelle qu’offre la médiation familiale lorsque les membres de la famille ou les institutions ne s’entend plus sur la manière de s’occuper et d’entourer un parent dépendant.
Un proverbe africain dit « il faut un village pour répondre aux besoins d’un enfant » mais nous pouvons également dire « il faut un village pour répondre aux besoins d’une personne en perte d’autonomie » !!! La plupart des décès anticipés des aidants et des maltraitances de tous ordres, sont liés à l’épuisement de l’être humain. Aucune personne n’est à l’abri de franchir le seuil de tolérance lorsque la charge mentale et physique devient trop lourde. Les aidants familiaux sont souvent obligés de faire le grand écart sur quatre générations. Fréquemment, lorsqu’ils s’occupent d’un parent vulnérable et pour grossir le trait, voire de deux ou 3 parents dépendants, ils sont encore en âge de travailler, de s’occuper de leurs propres enfants et parfois de leurs petits-enfants. Les neurosciences nous apprennent grâce à la neuro-imagerie qu’en cas d’épuisement, soit nous nous consumons c’est-à-dire nous développons une maladie, soit nous éclaboussons les autres en étant agressifs. Il est très difficile de contrôler ses réactions lorsqu’on est poussé à bout. De ces situations naissent bien souvent les cas de maltraitance par épuisement !
Pour comprendre ce qui se joue à ce niveau-là, il ne faut pas oublier que l’homme est un animal social. Animal dans sa structure corporelle parce que son ADN est similaire au monde animal tout comme ses réflexes automatiques qui sont inconscients. Et social parce qu’il a un besoin vital d’être en relation avec ses semblables. C’est le seul mammifère sur terre qui a autant besoin des autres pour survivre et se réguler. Ce qui différencie l’être humain du monde animal est son cerveau réflexif qui lui permet de communiquer, d’être conscient de qui il est, et de se représenter ce qui se passe chez les autres humains. Le paysage intérieur de chaque personne ou chaque disque dur, si nous prenons un langage informatique, d’un être humain est façonné différemment. De ce fait, nous sommes en incapacité de savoir ce que pense et ce que ressent une autre personne à moins de le lui demander et de la croire sur parole. Chaque personne voit à travers son prisme et de ce fait il n’y a pas de vérité en soi. Chaque personne a un vécu diffèrent, des sentiments différents, des croyances différentes et du fruit de cette différence naissent dans l’interaction entre deux ou plusieurs personnes, les conflits.
Nous passons une grande partie de notre vie à user des trésors d’énergie à convaincre les autres que nous détenons la vérité sur une situation mais en réalité il ne s’agit que de notre vision des choses, vision fabriquée à travers notre histoire, notre place d’enfant dans la fratrie, dans la famille, dans la société, à un moment T de l’histoire familiale. Nos frères, nos sœurs, nos parents, nos enfants, nos amis, nos collègues, voient les choses différemment tout comme les professionnels qui interviennent dans une famille. Demandez à tout un chacun qui a vécu un évènement en votre compagnie de vous raconter ce qu’il a ressenti ou pensé et vous verrez que vous n’avez pas assisté au même évènement et pourtant vous étiez présent !
La médiation, nouveau régulateur familial et sociétal
Un des rôles du médiateur après avoir défini l’objet de la médiation (pourquoi on le sollicite), sera de permettre à chaque personne qui assiste aux entretiens de s’exprimer en son nom par « je » et d’aider les autres à respecter l’altérité de la parole émise. Théodore Monod nous enseigne que « Le monde s’humanise lorsqu’il devient objet de parole ». Jacques Lacan quant à lui, disait que « L’homme est un parle-être ». Un être qui a la parole pour se définir et faire ses choix.
La médiation aide les personnes à mettre des mots là où dans la famille et/ou les personnes qui l’accompagnent, le silence a fini par régner, là où chacun porte sa charge mentale ou son fardeau, que cette charge soit dans l’action ou l’inaction quand il s’agit de s’occuper d’une personne vulnérable.
La médiation fait partie des nouveaux régulateurs familiaux et sociaux. Elle tisse des ponts entre l’avant et l’après, dans l’ici et maintenant, des histoires de chacun, entre la personne vulnérable, sa famille, les aidants proches, professionnels de la santé et du champ social qui interviennent auprès des personnes dépendantes. Elle recrée du lien en clarifiant là et les situations que chaque personne vit, en les mettant en rapport avec la responsabilité individuelle de chacun en relation avec les autres, afin de préserver les droits et libertés de la personne en perte d’autonomie tout comme les droits et libertés de parole des personnes qui participent au processus.
La médiation peut être judicaire ou conventionnelle.
Elle est naturellement conventionnelle c’est-à-dire non judiciaire lorsqu’un des membres de la famille, de son entourage ou un professionnel qui intervient dans la famille la sollicite parce qu’il a entendu parler de la médiation familiale dans le contexte de la vulnérabilité. Elle est judicaire lorsque le juge prononce une mesure de médiation. Le juge peut aussi enjoindre les personnes de rencontrer un médiateur familial pour se renseigner sur la médiation.
La procédure judiciaire aménage un temps de médiation qui va de 3 à 6 mois et qui permet aux familles de trouver par elles-mêmes des solutions mutuellement satisfaisantes pouvant être homologuées par le juge si elles sont conformes à l’intérêt de la personne à protéger. La justice et la médiation sont complémentaires. La justice tranche. Elle apporte une réponse au litige, c’est son rôle et la médiation redonne le pouvoir aux personnes de mettre en mots le différend et de trouver par elles-mêmes avec l’aide d’un médiateur une alternative de sortie au conflit. Il ne s’agit pas du tout dans la même logique.
Ce que nous pouvons constater, c’est que plus les familles saisissent la justice plus elles atteignent un point de non-retour, c’est-à-dire que le conflit se cristallise. Aucun jugement aussi bon soit-il ne peut rétablir le sentiment d’injustice que peut ressentir une personne lorsqu’elle a perdu une procédure.
Pour sortir de ce sentiment et redonner du mouvement à la famille, il n’y a que la mise en mots avec un « Tiers », de ce que chacun a vécu, qui puisse clarifier les choses et aider les personnes à avancer dans la relation en souffrance.
Un processus qui engage chaque partie
La médiation est un processus structuré, c’est une démarche de dialogue, d’écoute et de respect de l’altérité de chaque participant, elle aide les personnes à coconstruire ensemble la ou les solutions et c’est parce qu’elles seront coconstruites qu’elles seront d’autant plus viables. En acceptant la médiation, les personnes engagent leur responsabilité individuelle. C’est à elles de donner le meilleur d’elles-mêmes !
Le médiateur va mettre à leur disposition son savoir être et savoir-faire mais il arrive que certaines personnes soient dans un déni total et n’acceptent aucune aide, dans ce cas la médiation ne peut pas se faire ou se fera sans elles. Elles seront signifiées comme faisant partie de la famille, leur place restera ouverte à l’accueil et ce malgré leur impossibilité à venir.
Le principe d’autonomie fait référence au fait que les personnes sont libres de « rentrer » en médiation, de s’y engager mais aussi de se désengager. La médiation repose sur la libre participation de chacun. Il s’agit de faire un pas vers l’autre, de trouver avec lui une solution acceptable. La médiation est un processus volontaire. Les personnes s’engagent en connaissance de cause. Le médiateur leur explique tout cela lors de l’entretien de pré-médiation. Il n’y a pas de sanction si elles se désengagent en cours de médiation, même si la proposition de médiation a été formulée par un juge. C’est en cela, que la médiation est inédite et complémentaire à la justice.
Le médiateur comme tiers
C’est la posture de Tiers qui donne au médiateur toute la légitimité pour intervenir. Sa méthode d’intervention est basée sur l’écoute active et la discussion, l’argumentation, la négociation, la clarification, le dialogue constructif, la libre circulation de l’information à propos des droits et devoirs de chacun. Cette approche apporte aux personnes présentes une meilleure compréhension de la complexité des relations familiales et les amène à trouver des solutions. Il n’y a pas une histoire mais l’histoire singulière de chaque personne. Nous sommes dans une démarche systémique fondée sur la bienveillance et l’empathie.
Les piliers déontologiques de la position de tiers du médiateur sont : l’impartialité (qui est également nommée la partialité multidirectionnelle), la neutralité, l’indépendance et la confidentialité.
En ce qui concerne l’impartialité, c’est l’obligation pour le médiateur de traiter chaque personne de manière objective et équilibrée sans prendre parti ni privilégier un point de vue sur un autre. Il sait que derrière toutes les attitudes, il y a une personne blessée qui pour se protéger a souvent mis une grosse armure.
En ce qui concerne l’objectif de la neutralité, il est de ne pas influencer les personnes. Il s’agit pour le médiateur de neutraliser son propre projet c’est-à-dire ses sentiments, valeurs, idées, le pouvoir qu’il pourrait avoir dans les situations. Cette abstention-là repose sur une conviction, celle de la capacité des personnes à se déterminer elles-mêmes dans leur choix.
En ce qui concerne l’indépendance : c’est l’engagement du médiateur dans les actes qu’il pose afin de rendre l’espace de médiation imperméable aux pressions extérieures. Le médiateur est un tiers indépendant. Cette indépendance lui permet d’assurer la confidentialité aux personnes. Il ne peut pas être l’obligé d’une personne.
Lorsqu’un médiateur se rend compte que la médiation n’est pas possible pour des raisons éthiques et déontologiques mais également parce que les conditions de sécurité ne sont pas requises, violences, menaces etc…, alors il arrête la médiation, c’est lui qui apprécie si la mission qui lui est confiée est opportune ou pas. La médiation n’est pas la panacée à tous les maux en cela la justice est complémentaire et elle prend le relais lorsqu’il n’y a pas la possibilité de trouver un consensus. La justice apporte une réponse au litige en appliquant les lois en vigueur.
En ce qui concerne la confidentialité : La médiation familiale doit se dérouler dans un climat de confiance de manière à permettre à chaque personne présente de se sentir en sécurité et de pouvoir exprimer ce qu’elle ressent et qui la stresse par rapport à la situation évoquée par l’ensemble des participants de la médiation. Sa parole ne doit pas se retourner contre elle, la blâmer et être colportée à l’extérieur si le conflit est porté en justice. Le médiateur s’engage à protéger ce qui se dit, se vit, se joue dans la rencontre de toute divulgation ou transformation de propos utilisables à l’extérieur. La confidentialité est de ce fait capitale. Par ailleurs, le médiateur ne peut pas témoigner en justice. La plupart des médiateurs ont prêté serment à la Cour d’Appel du lieu où ils travaillent.
Toutes les constatations qu’un médiateur fait ou paroles qu’il recueille ne peuvent être divulguées à un tiers à moins qu’il y ait des raisons impérieuses qui le nécessitent (maltraitance…). Le seul espace où il peut parler des situations qu’il rencontre est l’analyse de la pratique qui est obligatoire et qui est elle-même confidentielle.
Le médiateur familial est diplômé d’Etat. Il est soumis à un code de déontologie et d’éthique. Le diplôme d’Etat est un diplôme de l’enseignement supérieur – niveau de maitrise avec formations en droit, psychologie, sociologie, et des enseignements sur la résolution du conflit, la négociation, la communication avec l’écoute active, la CNV, la systémie, etc… Viennent s’ajouter à ce diplôme d’Etat toutes les formations continues, l’analyse de la pratique, les supervisions personnelles.
Dans le contexte de la vulnérabilité, le médiateur travaille fréquemment en binôme avec un autre médiateur. Dans ce cas nous parlons de co-médiation. Il a suivi un module de sensibilisation à la vulnérabilité (maladie, handicap, vieillesse) ainsi qu’une analyse de la pratique spécifique à ce domaine.
La médiation familiale ou généraliste dans le contexte de la vulnérabilité
Le dispositif de médiation met au cœur de son fonctionnement l’intérêt de la personne vulnérable avec, comme objectif principal, de favoriser l’entente entre les membres de la famille et/ou les soignants et toutes les personnes qui gravitent autour de la personne vulnérable… et qui sont aux prises avec une situation de conflit la concernant.
A ce propos, lorsque la dépendance due à la maladie au handicap ou à la vieillesse, s’invite à la porte d’une famille, elle bouleverse les repères de la personne vulnérable et de chaque membre de la famille. Elle provoque un sentiment de dépersonnalisation entrainant une angoisse forte et mobilisant des mécanismes de défense. Ce sont ces mécanismes de défense que les personnes donnent à voir lorsqu’elles viennent en entretien de médiation et qu’il y a un conflit. Ils sont liés à des peurs induites par les changements que la dépendance occasionne psychiquement et non à de la malveillance. En médiation nous allons donc nous retrouver en face de plusieurs vulnérabilités et travailler avec ce que les personnes nous apportent avec en toile de fond avant tout les besoins de la personne vulnérable.
Le cercle vicieux du conflit englue les relations, isole tout un chacun et rend inopérant l’aide à apporter à la personne vulnérable dans le besoin. Mettre des mots sur les vécus émotionnels, les besoins, apprendre à écouter et à prendre en compte ceux des autres comme étant différents, aide à grandir et à mettre de la clarté dans les fonctionnements. La médiation peut être proposée avant tout conflit, pendant le conflit pour le mettre en mots et trouver des solutions, et après tout conflit pour réajuster les solutions dans l’évolution et le temps.
En guise de conclusion, ces quelques phrases de Boris Cyrulnik, qui s’adressent à la vulnérabilité d’un parent âgé mais qui peuvent également s’adresser à la vulnérabilité d’un parent malade ou handicapé : « Empêcher le récit d’un âgé, c’est interdire la seule action qui lui reste, c’est l’empêcher de prendre sa place, c’est l’exclure, l’isoler affectivement et socialement, le rendre confus, désorienté dans un monde dépourvu de sens et de sensorialité ».
Et n’oubliez pas :
« On dit que le temps change les choses mais en fait le temps ne fait que passer et nous devons changer les choses nous-même » Andy Warhol
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